Welcome to the twelve testimony of the My dear body photography project.
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P a r i s . F r a n c e . 2 0 2 0
Copyright @manon thore - Nothorma
Qu’est-ce que tu aimes le plus à propos de ton corps ?
Je ne suis pas en admiration devant mon reflet dans le miroir. Mais pour autant, j’aime assez ce que je vois quand je me regarde. J’aime la couleur de ma peau, assez pâle, j’aime les tons parfois bleutés ou violacés de certaines de mes veines. Ça peut paraître bête, mais j’aime l’idée de la vie qui passe juste en dessous de mon épiderme, ça rend mon corps plus concret, moins un objet de convoitise, ou une question d’image, que l’essence même de mon existence.
J’aime mon corps parce qu’il me dit chaque jour que je vis.
J’aime aussi ma taille. Je suis un de ces minis gabarits ( 1 m 50 !! ) qui doit user de toute son ingéniosité pour pouvoir attraper tout ce qui est hors de la portée de mes petits bras, c’est à dire vraiment beaucoup, beaucoup de choses, dans de très, très nombreuses circonstances. Et ça me rend fière, de pouvoir me débrouiller toute seule dans un monde fait pour les plus d’1 m 60 !
J’aime ma cicatrice de césarienne. Elle est parfaitement placée, sous ma bouée de secours (ce bourrelet-là, que j’ai depuis si longtemps, je me dis qu’il est parfait là où il est finalement ! ). Elle est belle. Personne ne la voit, et pourtant, elle me rappelle chaque jour, (parce qu’on oublie vite), que mon corps a porté ma fille, l’a faite grandir, et lui a donné tout ce dont elle avait besoin pour affronter le monde ❤
Et si je dois finir sur une note purement esthétique, je trouve mes oreilles parfaites. Et mon port de tête aussi, surtout de dos.
J’aime bien voir des photos de ma nuque avec les cheveux relevés.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas (s’il y a quelque chose que tu n’aimes pas) ?
Je n’aime pas que mon corps me rappelle tout ce que je devrais faire pour qu’il soit en bonne santé, et en forme, ou à l’inverse tout ce que je fais mais que je ne devrais pas. Je ne prend pas assez soin de lui, même si j’ai conscience qu’il est ce qui me permet de me lever tous les matins.
Je n’aime pas les douleurs liées au manque de sport, ou à mon poids.
Je n’aime pas quand mes mains, mes jambes s’assèchent, par manque d’hydratation.
Naïvement, j’aimerais que tout roule tout seul, sans que j’ai besoin de m’en préoccuper.
Et comme plus haut, une note physique/esthétique. Je n’aime pas le bombé de mon estomac. Autant la grande majorité de mes bourrelets ne me dérangent pas du tout, autant celui là.. Mais je sais que s’il est toujours là, c’est que je n’ai pas cherché à m’en débarrasser. J’ai tendance à vouloir le cacher. Mais j’aspire à plus d’acceptation. J’aimerai aussi apprendre à m’habiller pour mettre mon corps en valeur, malgré ses défauts, sans chercher à les effacer à tout prix.
Que ressens tu envers ton corps ?
Je suis à l’aise avec mon corps dans l’ensemble. Ça n’a pas toujours été le cas, je me suis longtemps cachée, et aujourd’hui encore, je me cache parfois dans ma façon de m’habiller. Mais je vis de mieux en mieux l’image que je renvoie. Je ne suis pas définie par le corps que j’ai, il n’est pas ma personnalité, et ça n’est pas lui qui passe en premier, c’est ce que je ressens.
Mon extraordinaire chéri participe beaucoup à ce sentiment. Je sais qu’il m’aime surtout pour ce que je suis plus que ce dont j’ai l’air.
Il me pousse à plus d’indépendance, plus d’écoute bienveillante envers moi-même. Et ça m’aide à m’accepter un peu plus chaque jour.
Il y a un sujet en revanche sur lequel je travaille, mais qui me ronge encore souvent.
Je ressens souvent de l’injustice à cause de mon corps. A cause de mon genre. A cause de mon sexe.
Je suis une femme, et je souffre parce que je suis une femme.
J’ai souvent rêvé d’être un garçon. Je voulais vivre l’expérience de la sexualité masculine. Puis ensuite je voulais vivre plusieurs mois sans ressentir cette sensation de déchirure de mes ovaires au moment de mes règles. Ou de mes seins qu’on ne peut même pas effleurer certains jours, ou sur lesquels je ne peux pas dormir.
Après mon expérience de la maternité, ces sentiments d’injustice étaient exacerbés.
La grossesse, que j’ai assez mal vécue, l’accouchement que j’ai très mal vécu, et le post-partum qui n’a pas été joyeux non plus.
Je travaille beaucoup sur ces sujets. J’ai parfois des vagues violentes de colère qui me viennent. Mais je les accepte de plus en plus facilement. Je les comprends mieux. Parce que ce dont j’essaye de me souvenir quand ils arrivent, c’est la force de mon corps, la force qui vient justement de ma féminité. Etre capable d’endurer tant de douleurs, et être toujours debout. C’est beau. Et fort.
Qu’est-ce qu’un corps pour toi ?
C’est principalement une enveloppe. Comme je le disais plus haut, je ne prends pas spécialement soin de mon corps, parce qu’il est pour moi surtout un support.
Je ne le maltraite pas non plus hein !
Je pense assez peu à mon corps, à comment je me sens.
J’en parle beaucoup c’est vrai, je me dis souvent comme tout le monde « je suis fatiguée », « j’ai mal » (ou « j’ai vraiment super mal là »), « j’ai froid ». Mais c’est tout. Objectivement, je n’y accorde pas beaucoup de temps.
D’ailleurs, dans cette optique là, j’ai arrêté d’enlever systématiquement mes poils.
Mes jambes, mes aisselles et mon pubis sont tels qu’ils sont censés être naturellement (la grande majorité du temps!).
Je ne suis pas encore à l’aise avec le fait de montrer mes jambes poilues au monde extérieur (j’ai récemment eu l’occasion de le faire, mais là où je ne connaissais personne!), je n’ai en revanche plus aucun tabou quant il s’agit de dire ou de montrer que mes dessous de bras ne sont pas rasés/épilés, ou que mon maillot n’est pas « rafraîchi » quand je vais à plage.
Un dernier mot ?
Sans nécessairement être dans l’adoration, il faut prendre le temps de se regarder, de s’apprécier quand on se regarde, et d’apprécier en particulier chacune de nos spécificités. Souvent, ce qui nous déplaît chez nous, c’est ce que la société (ou la famille) nous enseigne comme n’étant pas beau, ou pas assez-trop féminin/masculin, pas assez séduisant, trop stigmatisant. Notre corps ne nous définit pas. Il nous supporte. Il nous permet de vivre.
Instant « c’est pas faux » : Il ne faut pas vivre pour avoir un corps, mais il faut un corps pour vivre.
Et je crois qu’on l’oublie trop souvent.
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